Le BAOBAB SACRÉ
Le Baobab sacré de Bonabwaka – Bona’Anja Siga Bonjo est, du point de vue de son histoire, notamment des récits anecdotiques qui la compose, l’un des plus mythiques de toute la région. L’article suivant, publié dans le Quotidien national Camerounais, Cameroon Tribune, l’illustre et le présente de la plus belle des manières :
Des mythes il en reste encore dans nos contrées. Des rites aussi parfois macabres. Mais toujours aussi important pour les contemporains. Le constat a été fait tout récemment, à Bonjo. « La flèche ayant servi à éventrer ma mère, morte avec un fœtus dans son sein se trouve plantée dans cet arbre », explique Jean Mbongue, un natif du coin. L’histoire remonte aux années cinquante. Jeanne Ngasse, enceinte et mère de cet homme, venait de passer de vie à trépas. Ne pouvant pas l’inhumer avec un fœtus vivant, les « anciens » ont exigé l’euthanasie préalable du fœtus.
Des histoires comme celle-là, dans notre contrée. Il nous a donc paru nécessaire de se rendre au pied du « Baobab sacré », pour en savoir davantage. Mais, seulement, l’exercice devait impliquer d’autres forces. Des forces visibles, mais aussi invisibles. Un premier arrêt s’est pour cela, fait à Douala. Il importait d’avoir l’aval du « gardien des traditions ». Une fois l’accord obtenu, l’étape suivante a été l’accès proprement dit au pied de cet arbre, d’une circonférence de trente-sept mètres. Tout un autre exercice. L’entrée de tous s’est faite le dos tourné à l’arbre. Et en traversant les tiges de bananier, posées préalablement à même le sol. Puis, une fois au pied de cet arbre dont le bas du tronc est subdivisé en plusieurs « chambres », ayant chacune, selon les initiés, une fonction particulière, il a fallu présenter les visiteurs et tous ceux qui étaient de l’expédition. Le rituel a été conduit par un initié. Il consistait à prononcer les noms de tous ceux qui étaient présents, tout en précisant la raison de leur visite. Après quoi, l’arbre et invités devaient partager un pot.
Ce n’est pas une fable. Mais plutôt une histoire authentique. Un vécu. Selon Guillaume Mouelle Kombi, gardien des traditions, autrefois, ce baobab servait d’arbre à palabres. « C’est à son pied que se prenaient toutes les grandes décisions, relatives à la vie de la contrée, à l’instar du choix du chef du village et de son intronisation », indique-t-il. Pour ce patriarche, son implication dans la vie des hommes d’aujourd’hui, permet aussi d’avoir les contributions des ancêtres, sur des sujets donnés. « C’est un porte-bonheur, un médiateur, entre les vivants et les morts, un purificateur…», confie-t-il.
Source : Cameroon-Tribune du 27 février 2013 (LaTribune des Régions)